vendredi 15 janvier 2010

Le Petit Loup Rouge et le Grand Méchant Chaperon (début du conte, en exclusivité!)

(ce conte est tiré d'une série de contes, Les Contes Attitrés, tirant leur inspiration d'un jeu de contrepet sur les titres de contes traditionnels. La trame, elle, n'est pas nécessairement en rapport avec le conte initial)



Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un pays bien lointain, un petit animal tout poilu, tout doux, tout gentil, qu’on appelait le Petit Loup Rouge. « Petit », parce qu’il était tout petit, « Loup », parce que c’était un loup, et « Rouge », parce qu’il était tout rouge ! Hé oui ! Tout rouge comme une cerise au milieu du gâteau ! Il faut dire que son père, le Grand Loup Noir, qui était grand, qui était loup, et qui était noir, était plutôt du genre sanguin, et que sa mère, la Belle Louve Grise, qui était belle, qui était louve, et qui n’était pas blanche, aimait bien le vin rouge… Alors personne n’était-il étonné que le Petit Loup Rouge fut rouge. C’était comme ça, et c’était très bien. Au moins, on le reconnaissait, et même de loin ! Tout le monde dans la meute l’acceptait, les autres petits loups jouaient avec lui, surtout le Petit Loup Vert, dont les parents étaient végétariens et ne mangeaient que des haricots. C’était le bonheur.

 Un beau jour, alors que dans le ciel rosé le soleil rebondi se tenait tout gros, tout beau, tout chaud, et tout orange, la Belle Louve Grise appella son enfant qui était en train de jouer aux Indiens, et lui dit :
-         Petit Loup Rouge, cela fait moult temps que tu n’as pas cheminé jusque chez ta mère-grand, la Vieille Louve Chauve…
Ce qui voulait dire, en langage-loup, que cela faisait bien longtemps qu’il n’était pas allé voir sa grand-mère. Le Petit Loup Rouge dressa l’oreille, cela faisait effectivement longtemps qu’il n’avait pas vu sa mémé, et il aimait bien sa mémé.
-         Alors, cet après-midi, tu peux aller la voir tout seul, tu es grand maintenant, même si tu es encore petit…, continua la Belle Louve Grise.
-         Youpi ! cria le Petit Loup Rouge.
Et, tout heureux, rouge de plaisir, il se mit à bondir partout dans la maison, comme un poisson rouge dans son terrier… même si les poissons ne bondissent pas vraiment.
La mère calma l’enfant en lui donnant des grands coups de langue dans le cou, parce que les coups de langue dans le cou, chez les loups, ça calme beaucoup, et ça nettoie les poils du col…, et elle poursuivit :
-         Tu lui apporteras ce panier, dans lequel j’ai mis trois pots de chair à saucisse –à cause des dents qu’elle n’a pas- et un pot de sauce tomate pour faire des spaghetti. Il y a aussi une bonne bouteille de rouge, et une belle pomme rouge toute luisante, qu’elle ne pourra pas manger –à cause des dents qu’elle n’a pas-, mais qu’elle pourra regarder avec plaisir en attendant que le temps en fasse de la compote –à cause de ses dents…
-         Oui, oui, d’accord ! dit le Petit Loup Rouge, il s’empara du panier, et partit vers chez sa mémé.
-         Et fais bien attention au Grand Méchant Chaperon, quand tu passeras dans la Forêt Jaune ! lui cria sa mère. Reste bien sur le chemin, et ne t’arrête pas en route !

Le Petit Loup Rouge continua son chemin… Le Grand Méchant Chaperon ? Bâh ! Tout le monde en parlait, mais personne ne le voyait. Ceux qui l’avaient vu ne revenaient jamais, disait-on… Mais le Petit Loup Rouge n’était pas dupe. « Encore un conte à dormir debout ! », pensait-il, tandis qu’il arrivait à l’orée d’une magnifique forêt qui développait, sur un sol rouge de coquelicots, de majestueux arbres de toutes les couleurs du jaune : jaune-or, jaune-soleil, jaune-tournesol, jaune-canari, jaune-sous-marin. Tout était jaune dans cette forêt ( sauf les coquelicots ). C’est pour cela qu’on l’appelait la Forêt Jaune. Voilà.

Il faisait bon flâner dans cette forêt apaisante, aussi notre petit héros ne s’en priva-t-il pas, et, oubliant les sages conseils de sa mère, il quitta le chemin pour se fondre dans le tapis de coquelicots et s’enivrer des parfums de la nature… Les papillons multicolores s’amusaient sur son pelage, le prenant sans doute pour quelque rose ou tulipe –rouge, bien sûr ! L’air était léger et les oiseaux chantaient…

Soudain, au détour d’un gros chêne couleur jaune d’œuf, le Petit Loup Rouge tomba sur une sorte de grand fantôme tout noir ! C’était un géant totalement emmitouflé dans une sorte de grande cape noire, avec une grande capuche noire qui retombait sur un visage blanc au regard noir…
Le Grand Méchant Chaperon –car c’était lui !- était grand, méchant, et cachait sous sa cape un long fusil tout gris ! C’était un homme. Dans notre langage on aurait dit un chasseur, mais dans le langage des loups on disait « le Grand Méchant Chaperon »…




Extrait du conte "Le Petit Loup Rouge et le Grand Méchant Chaperon" (L. Varlet) - Début
Illustrations Eileen Prade

2 commentaires:

Alain a dit…

Dans le même esprit déjanté et parodique, tu devrais aimer "La porte" de Karim Berrouka, publié chez Griffe d'Encre.

Laurent Varlet a dit…

Merci pour le conseil, je vais de ce pas rechercher cet ouvrage!